En chute libre
Mon âme se bat, se tire, se déchire et se démène pour enfin se libérer des chaînes qui la gardent encore prisonnière du pied du mur. Mon cœur, caché derrière les barreaux, amène plus rapidement qu’à l’habitude le vin de mes veines à mon esprit flou qui tente désespérément de le calmer.
La pleine lune reflète sa réflexion sur la brume. Est-ce encore mon esprit perdu dans le brouillard s’étant frayé un chemin à l’intérieur de ma cage ? Est-ce que cette source de lumière est enfin la lueur que j’attendais depuis si longtemps ? Le chien pris en laisse que je suis se change peu à peu en aigle regardant du haut des cieux sa proie titubant de douleur, laissant une traînée de sang derrière chaque pas bien enfoncé dans la neige.
Je plonge avec mes ailes collées contre mes plumes. Ma tête me donne carte blanche mais mon corps se fige et se transforme en cendres comme si la destination finale de la descente était l’enfer. Je suis en chute libre et c’est moi qui est devenue la proie, jouant entre la vie et la mort.
J’ai l’impression d’avoir croisé le regard de Méduse ou de m’être fait mordre par une vipère laissant son venin me paralyser en dedans, dans mon enveloppe corporelle. J’ai peur. Il y a juste mon cœur qui me rappelle que je suis en vie, car il bat tellement fort qu’il est sur le point de fracasser les os de ma cage thoracique.
Je ne cesse de penser à l’aura de bonheur qu’il y aurait autour de moi si j’attrapais cette proie. Mon esprit pourrait enfin se libérer et enlever un poids de mes épaules. L’âme que je cache pourrait enfin reprendre contrôle de ses ailes. L’aurore crierait enfin au matin de se lever. Je ne veux rien de cuit dans le bec, seulement un baiser.
Le miroir
Je sors de la cabine de la toilette. L’odeur de nausées envahit ma bouche telle l’armée allemande déferlant sur Varsovie. Je me prends une gomme, prophète venant blanchir mon passé d’alcoolique. À ma sortie, je m’engouffre dans le corridor pour finalement arriver dans la pièce maitresse. Je m’installe au comptoir me commandant un Martini. J’observe. J’observe l’homme de glace qui me prépare mon drink couleur eau de source. Je projette dans mon esprit la vie de chaque homme. Aucune femme n’est présente dans cette cage d’un brun délavé par l’alcool. Un homme aux yeux d’espace-temps est installé, dans un coin isolé d’un bar sombre de la ville de Montréal, muet comme un moine. Il est celui que je suspecte et que je crains le plus. Sinon, par la fenêtre, je vois un trio d’hommes aussi solidaire qu’une meute de loups. Ces fumeurs habituels, je ne les ai jamais vus dans le bar. Je suis prisonnier des limbes, les lumières clignotent à rythme irrégulier. Je regarde ma montre, il est vingt heures. Outre ces personnages, le bâtiment est vide, silencieux. Il me faut des preuves, des indices. Je marche vers l’homme mystère et m’assois à sa table. Il ne parle pas, il est sourd et muet. En fait, personne ne parle ici à l’exception de moi. Je suis pris entre deux mondes. Je veux savoir avec qui ma femme m’a trompé, pour qui son cœur bat et ses poumons respirent à présent. Sans réponse, j’abandonne l’homme à lui-même et m’assois à mon tour dans la solitude d’un coin, sûr de ne pas me faire attaquer par-derrière. Je sais que le coupable est ici, mon intuition ne ment jamais. D’un signe de la main, je commande trois autres martinis, ce que la serveuse m’apporte le temps d’un flash de lumière descendant des nuages. J’enfile les martinis d’un seul coup. À chaque gorgée, le liquide me brûle l’intérieur. Mon esprit s’embrouille. D’un seul coup, je suis poussé sur le sol par l’alcool. Le peu d’hommes présents me regarde, mais ne bouge point d’un poil. C’est en rampant que je me rends dans la cabine de tout à l’heure. Couché en boule sur le tapis, j’ai à peine le temps de mettre ma tête au-dessus de la cuvette que je me fais foudroyer de dix-huit nausées. Deux heures se sont maintenant écoulées, je suis maintenant capable de tenir sur deux pattes. Je sors de la cabine, et je trouve le coupable. Il est là, plus vivant que jamais. Il est là, je tremble de peur, il ressemble à un monstre. C’est un démon. En fait, ils sont deux, là dans le miroir. Moi et mon verre vide.
Mon âme se bat, se tire, se déchire et se démène pour enfin se libérer des chaînes qui la gardent encore prisonnière du pied du mur. Mon cœur, caché derrière les barreaux, amène plus rapidement qu’à l’habitude le vin de mes veines à mon esprit flou qui tente désespérément de le calmer.
La pleine lune reflète sa réflexion sur la brume. Est-ce encore mon esprit perdu dans le brouillard s’étant frayé un chemin à l’intérieur de ma cage ? Est-ce que cette source de lumière est enfin la lueur que j’attendais depuis si longtemps ? Le chien pris en laisse que je suis se change peu à peu en aigle regardant du haut des cieux sa proie titubant de douleur, laissant une traînée de sang derrière chaque pas bien enfoncé dans la neige.
Je plonge avec mes ailes collées contre mes plumes. Ma tête me donne carte blanche mais mon corps se fige et se transforme en cendres comme si la destination finale de la descente était l’enfer. Je suis en chute libre et c’est moi qui est devenue la proie, jouant entre la vie et la mort.
J’ai l’impression d’avoir croisé le regard de Méduse ou de m’être fait mordre par une vipère laissant son venin me paralyser en dedans, dans mon enveloppe corporelle. J’ai peur. Il y a juste mon cœur qui me rappelle que je suis en vie, car il bat tellement fort qu’il est sur le point de fracasser les os de ma cage thoracique.
Je ne cesse de penser à l’aura de bonheur qu’il y aurait autour de moi si j’attrapais cette proie. Mon esprit pourrait enfin se libérer et enlever un poids de mes épaules. L’âme que je cache pourrait enfin reprendre contrôle de ses ailes. L’aurore crierait enfin au matin de se lever. Je ne veux rien de cuit dans le bec, seulement un baiser.
Le miroir
Je sors de la cabine de la toilette. L’odeur de nausées envahit ma bouche telle l’armée allemande déferlant sur Varsovie. Je me prends une gomme, prophète venant blanchir mon passé d’alcoolique. À ma sortie, je m’engouffre dans le corridor pour finalement arriver dans la pièce maitresse. Je m’installe au comptoir me commandant un Martini. J’observe. J’observe l’homme de glace qui me prépare mon drink couleur eau de source. Je projette dans mon esprit la vie de chaque homme. Aucune femme n’est présente dans cette cage d’un brun délavé par l’alcool. Un homme aux yeux d’espace-temps est installé, dans un coin isolé d’un bar sombre de la ville de Montréal, muet comme un moine. Il est celui que je suspecte et que je crains le plus. Sinon, par la fenêtre, je vois un trio d’hommes aussi solidaire qu’une meute de loups. Ces fumeurs habituels, je ne les ai jamais vus dans le bar. Je suis prisonnier des limbes, les lumières clignotent à rythme irrégulier. Je regarde ma montre, il est vingt heures. Outre ces personnages, le bâtiment est vide, silencieux. Il me faut des preuves, des indices. Je marche vers l’homme mystère et m’assois à sa table. Il ne parle pas, il est sourd et muet. En fait, personne ne parle ici à l’exception de moi. Je suis pris entre deux mondes. Je veux savoir avec qui ma femme m’a trompé, pour qui son cœur bat et ses poumons respirent à présent. Sans réponse, j’abandonne l’homme à lui-même et m’assois à mon tour dans la solitude d’un coin, sûr de ne pas me faire attaquer par-derrière. Je sais que le coupable est ici, mon intuition ne ment jamais. D’un signe de la main, je commande trois autres martinis, ce que la serveuse m’apporte le temps d’un flash de lumière descendant des nuages. J’enfile les martinis d’un seul coup. À chaque gorgée, le liquide me brûle l’intérieur. Mon esprit s’embrouille. D’un seul coup, je suis poussé sur le sol par l’alcool. Le peu d’hommes présents me regarde, mais ne bouge point d’un poil. C’est en rampant que je me rends dans la cabine de tout à l’heure. Couché en boule sur le tapis, j’ai à peine le temps de mettre ma tête au-dessus de la cuvette que je me fais foudroyer de dix-huit nausées. Deux heures se sont maintenant écoulées, je suis maintenant capable de tenir sur deux pattes. Je sors de la cabine, et je trouve le coupable. Il est là, plus vivant que jamais. Il est là, je tremble de peur, il ressemble à un monstre. C’est un démon. En fait, ils sont deux, là dans le miroir. Moi et mon verre vide.